Du 16 au 19 septembre 2024, un atelier organisé par l'Observatoire Mondial des Femmes (WWO) de l'Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques (UMOFC) s'est tenu en Ouganda, à Entebbe, sous le titre « Réseau africain contre la violence et la discrimination à l'égard des femmes, partage de bonnes pratiques et de résultats ». Cet événement a rassemblé jusqu'à 65 femmes (religieuses et laïques) représentant des organisations et des congrégations du Cameroun, Eswatini, Gabon, Ghana, Guinée, Côte d'Ivoire, Kenya, Malawi, Mali, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Sud-Soudan, Tanzanie, Ouganda et Zambie. La réunion a été marquée par la diversité des propositions et des solutions qui ont été partagées, ainsi que par les engagements que les participants ont signés pour mettre en œuvre les bonnes pratiques dans leurs organisations.
Le premier jour de l'atelier a commencé par une réflexion spirituelle de Sœur Catherine Mulwa (Kenya), assistante du WWO en Afrique, créant un espace de calme et d'ouverture pour les jours suivants de travail intense. Sœur Maureen Ogundeph (Kenya), community manager en Afrique, a mené une dynamique de présentation qui a permis aux participantes de mieux se connaître en se présentant les unes aux autres. Patricio Caruso, représentant de l'UMOFC et du WWO basé à Rome, a ensuite expliqué les principaux objectifs du WWO et le but de cette réunion en Ouganda, l'un d'entre eux étant de renforcer le réseau et de s'engager dans l'action.
Partage des bonnes pratiques
Au cours des sessions, plusieurs questions clés de la lutte contre la violence ont été abordées. En effet, l'une des questions mise en exergue est l'importance d'impliquer les hommes dans ce processus. La journée inclut une présentation des meilleures pratiques par des responsables de plusieurs pays. Parmi elles, Marie Angele Diatta, du Sénégal, a partagé son expérience de la lutte contre la violence fondée sur le genre par l'éducation et le renforcement des liens familiaux. Judith Chiatoh, du Cameroun, a présenté un programme de formation réussi pour les femmes défavorisées, dans le cadre duquel 90 % des participantes ont acquis des compétences utiles et 80 % ont réussi à lancer des activités génératrices de revenus ou à trouver un emploi.
Thérèse Arama, du Mali, a également expliqué comment son pays lutte pour mettre fin à la violence et promouvoir l'éducation des femmes, et Cecilia Asobayire, du Ghana, comment elle tente d'impliquer les hommes dans les programmes de sensibilisation. Sylvia Ruambo, de Tanzanie, dirige les projets « Rise and Raise » et « Set Me Free », qui bénéficient à plus de 230 femmes et se concentrent sur l'autonomisation économique, l'éducation des enfants, la santé menstruelle et le soutien juridique et psychologique. Parmi leurs réalisations, on peut citer la libération de 24 femmes injustement emprisonnées.
Sœur Benedicta Kiro, de l'Ouganda, a partagé son expérience de projet avec les réfugiés, et Sœur Juliana Nduge, du Kenya, a expliqué comment l'Association of Sisterhoods of Kenya (AOSK) travaille à l'autonomisation et à l'atténuation de la violence contre les femmes, en mettant l'accent sur la défense des droits, l’égalité des sexes et l’action positive. Parmi ses réussites, on peut citer des programmes d'autonomisation des jeunes pour 1 000 personnes.
Devenez un community manager et un ambassadeur du WWO
La deuxième journée a été consacrée à la communication, à la sensibilisation aux projets et aux bonnes pratiques mises en œuvre. Sœur Maureen a présenté le concept de « gestionnaire communautaire », soulignant l'importance d'avoir des leaders au sein des communautés qui facilitent la diffusion de l'information et promeuvent le bon fonctionnement des projets locaux. Tout au long de la journée, les participantes ont raconté comment le travail au sein de leur communauté avait transformé leur vie. Selon elles, cet échange était particulièrement inspirant et propice à créer communion entre elles.
Esther Nyacke, également community manager chez le WWO, a raconté son expérience de promotion de la campagne #InvisibleNoMore contre les violences basées sur le genre. Elle a expliqué comment ce mouvement peut être mis en œuvre au niveau local par le biais de petites actions, telles que la projection du documentaire « In-Visibles » dans les foyers ou les paroisses, en encourageant les gens à devenir des ambassadrices de la cause.
Collecte de fonds et mise en réseau
Le troisième jour a été consacré à la collecte de fonds (fundraising) et au travail en réseau. Christine Laura Okello de Caritas Ouganda a présenté un guide pratique sur la mobilisation des ressources, soulignant qu'il s'agit de mobiliser différents types de ressources favorisant le renforcement des projets. Après sa présentation, les participantes ont travaillé en groupes pour développer des stratégies de collecte de fonds applicables à leurs propres projets.
L'après-midi, l'archevêque de Kampala, Paul Ssemogerere, a célébré l'eucharistie, suivie d'une discussion sur les différentes formes de mise en réseau. Evaline Malisa Ntenga, Vice-présidente de l'UMOFC pour la région Afrique, a introduit le thème en mettant l'accent sur l'importance d'un leadership humble et d'un investissement dans les petites communautés pour parvenir à une transformation sociale à partir de la base. Ensuite, différentes présentations d'exemples de travail en réseau ont clôturé la journée, comme celle d'Elisabeth Ngami, du National Family Life Office de la Kenya Conference of Catholic Bishops (KCCB), qui a souligné l'importance de la collaboration entre les organisations de l'UMOFC et les Conférences Épiscopales. Son intervention a ouvert la discussion sur la manière d'établir une plus grande connexion et coopération avec les évêques pour obtenir un plus grand impact dans la lutte contre la violence basée sur le genre. Sœur Catherine, Doreen Zimba du Malawi et Alice Muchiri, coordinatrice des législateurs catholiques du Kenya, ont également pris la parole.
Le leadership des femmes
Le quatrième et dernier jour de l'atelier a été consacré au leadership féminin, présenté par Sœur Francisca Ngozi du Nigeria, qui a réfléchi aux différents types de leadership et a mis en lumière des exemples de femmes leaders qui ont transformé leurs communautés. Cette rencontre a été suivie d'une table ronde avec des femmes telles que Evaline Malisa, Alice Muchiri et Béatrice Tavares, membre du Conseil de l'UMOFC au Sénégal, qui ont souligné la nécessité que les femmes dirigent en faisant preuve d'empathie tout en restant fermement attachées aux valeurs de l'Église. Béatrice, en particulier, a souligné l'importance de la synodalité, une initiative promue par le Pape François pour favoriser la collaboration et l'écoute mutuelle au sein de l'Église.
L'atelier s'est conclu par une réflexion sur la nécessité de travailler en réseau, tant parmi les femmes laïques que religieuses, et d'impliquer activement les évêques et autres responsables ecclésiastiques dans la lutte contre la violence fondée sur le genre.
Cet atelier a non seulement fourni des outils concrets pour lutter contre la violence et la discrimination à l'égard des femmes, mais il a également offert un espace d'échange et de renforcement mutuel aux dirigeantes engagées dans le changement social en Afrique. Les participantes sont rentrées dans leurs communautés inspirées et déterminées à mettre en œuvre ce qu'elles avaient appris pour continuer à lutter contre la violence et à faire entendre leur voix pour y mettre fin.
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