Le Chemin de Gloria : Entre Combat, Amour Filial et QuĂȘte d'Ămancipation
- observatorioumofc
- Oct 26, 2023
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Updated: Jan 27
par Sr. Marie SosthÚne Sévérine AKAKP

Gloria provient dâune famille et est lâaĂźnĂ©e de plusieurs frĂšres et sĆurs. Elle commence lâinternat en 2014, en classe de sixiĂšme chez les sĆurs de la Providence Saint GaĂ«tan, qui font partie du rĂ©seau Afrique contre la violence et la discrimination envers les femmes de lâObservatoire Mondial des Femmes. Voyant la situation familiale qui ne lui permettrait pas de poursuivre ses Ă©tudes, les sĆurs lâont prise en charge. En classe de troisiĂšme, aprĂšs avoir obtenu son diplĂŽme de BEPC, elle fut promise en mariage par son pĂšre, malgrĂ© elle. Signalons que son pĂšre est de nature violent, alcoolique, quelques fois malhonnĂȘte et nĂ©gligeant envers sa femme et ses enfants. Par la lutte pacifique entre les sĆurs et le papa de Gloria, lâaccompagnement rĂ©gulier avec cette derniĂšre, les sĆurs ont dĂ©couvert les raisons de son dĂ©sir dâabandonner les Ă©tudes. Car par ses propos, les sĆurs ont compris quâelle aimerait ce mariage par amour pour son pĂšre, quâelle aime tant malgrĂ© son caractĂšre violent et son refus de laisser Gloria continuer lâĂ©cole. Tout doucement, Gloria a repris confiance en elle, en continuant les Ă©tudes. Elle-mĂȘme tĂ©moigne en disant : « je suis ici Ă lâinternat soit en disant que je vais Ă lâĂ©cole pour mon Ă©panouissement et avoir un avenir meilleur. Et câest ma petite sĆur qui me nourrit, qui fait tout pour moi, parce quâelle sâest dĂ©jĂ mariĂ©e. Elle a le champ et son mari sâoccupe bien dâelle. Et moi qui suis la grande sĆur, je suis Ă sa charge. » Cette idĂ©e de mariage grandit plus en plus en elle et lâempĂȘche mĂȘme dâĂ©tudier. Pour elle et selon la mentalitĂ© de la plupart des jeunes filles de son milieu, câest par le mariage quâune femme peut devenir heureuse. Câest ainsi, quâarrivĂ©e en classe de terminal D, elle dĂ©cide de ne plus continuer lâĂ©cole. Mais lâaccompagnement individuel de Gloria nâa pas Ă©tĂ© facile Ă cause de cette conviction. Pour cela, elle Ă©tait invitĂ©e Ă passer quelques jours de ses congĂ©s ou vacances en communautĂ© avec les sĆurs; afin dâĂ©viter quâelle rencontre celui Ă qui elle a Ă©tĂ© promise.
Les sĆurs ont une grande et particuliĂšre attention envers Gloria, afin quâelle puisse avoir le niveau BAC; en vue dâune formation professionnelle et ĂȘtre autonome. De nos jours Gloria poursuit ses Ă©tudes sous le regard maternel des sĆurs et a pu se prĂ©senter aux Ă©preuves du baccalaurĂ©at cette annĂ©e. Les sĆurs prient jour et nuit pour sa rĂ©ussite. Notons quâelle est la premiĂšre fille de son village Ă avoir le niveau BAC.
Présentation géographique
Kandi est une ville situĂ© au nord du BĂ©nin, dans le dĂ©partement de lâAlibori. Elle est limitĂ©e au Nord par Malanville (105 km), au Sud par Gogonou (35 km), Ă lâEst par Segbana (100 km) et Ă lâOuest par Banikoura (70 km). Câest une ville de croisement de peuple venant du Burkina, du Niger, du Togo, du Nigeria. LâactivitĂ© principale est lâĂ©levage, lâagriculture et le commerce. Les villages sont majoritairement pauvres en infrastructures.
La mission des SĆurs de la Providence Ă Kandi
LâInstitut SĆurs de la Providence de Saint GaĂ«tan Thiene fondĂ© Ă Udine, par le pĂšre Saint Louis SCROSOPPI le 1er fĂ©vrier 1837 Ćuvre depuis son humble origine, dans le domaine de la santĂ© et de lâĂ©ducation. PrĂ©sente dans le diocĂšse de Kandi en 2005, les sĆurs luttent en faveur des jeunes filles en situation difficile et de la femme en dĂ©tresse. Pour cette cause, un centre dâalphabĂ©tisation et un internat ont vu le jour. Des filles venant des villages lointains de Kandi trouvent un cadre propice pour leur Ă©tude. Chaque annĂ©e, nous accueillons un effectif de 30 Ă 35 filles. Elles sont suivies Ă tous les niveaux, tels que :
Lâaccompagnement scolaire (il est difficile pour une fille dâĂ©voluer normalement scolaire, car trĂšs tĂŽt elles sont promises au mariage).
Lâaccompagnement social (prise en charge de certaines filles dont les parents ne disposent pas suffisamment de moyen pour leur Ă©tude).
Prise en charge alimentaire.
Soin au niveau de la santé.
Accompagnement de leur respectif parent.
Elles sont entretenues sur les diffĂ©rents thĂšmes dâactualitĂ©s, par des causeries et dĂ©bats Ă savoir :
Lâimportance de lâĂ©cole dans la vie de la jeune fille.
La dépigmentation et ses conséquences.
Le mariage précoce.
Le savoir vivre et le savoir ĂȘtre.
Les sĆurs sont prĂ©sentes dans les villages aux cĂŽtĂ©s des parents les motivant Ă la scolarisation de la jeune fille. Ce qui implique un investissement dans le suivi scolaire. En effet, les filles arrivent Ă lâinternat sans les documents nĂ©cessaire pour leurs Ă©tudes. Ce qui revient souvent Ă la charge des sĆurs, Ă ne citer que cela.

